L'article du Télégramme sur la dictée intergénérationnelle du 03 octobre 2024 est en ligne, rubrique "Presse"

BLOG

Découvrez des mots de vocabulaire de la langue française

Potamot

N’est-il pas surprenant que dans un blog consacré à l'orthographe, je vous propose le nom "potamot".

D'origine grecque, de « potamosfleuve et geitôn voisin ».

En botanique, le potamot est « une plante monocotylédone * herbacée des eaux douces calmes, vivace et aquatique, avec des feuilles en partie flottantes et en partie submergées ». Cette plante est également dénommée « épi d'eau ».

Ces feuilles peuvent atteindre jusqu’à 50 cm de long. On dénombre 90 espèces différentes.
Se dit aussi potamogéton.

  • Bailleul, au-dessous du bateau, imagine une toison d’herbes grasses (…) peuplées d’ombres (…). Les potamots (…) traînent des ondulations frôleuses (Maurice Genevoix, Boîte à pêche, 1926).


* qui n’a qu’un cotylédon, c’est-à-dire une première feuille qui s’insère dans la graine et va servir de réserve pour la développer.

Gloriette

D’après le CNRTL, en 1160, "glorïette" avec un tréma sur le I était un nom propre, qui désignait le palais du prince Guillaume d’Orange.

Aux alentours de 1200, perdant son tréma, gloriette désignait une petite pièce, puis une chambre située à l’étage le plus élevé d’une maison. Dès 1538, elle prend le sens de « pavillon de verdure dans un jardin » :

  • On voyait au milieu des arbres les vieilles maisons de la rue du Tribel avec leurs treilles, leurs gloriettes enguirlandées de clématites (André Theuriet, Le mariage de Gérard, 1875).

Issu de l’ancien français [gloriegloire], ce nom féminin désigne également « une grande cage à oiseaux en forme de pavillon (volière) ».

gloriette, belvédère
gloriette, belvédère

Mâchicoulis

Dans mon dico perso des mots préférés, il y a le mâchicoulis. Voilà un mot qui sonne bien. À l’entendre, on pourrait penser à un terme culinaire, mais il n’en est rien. Car côté définition, il n’a rien de trivial.

Composé de « mâchermeurtrir, écraser » et de « col – cou », il provient de l’ancien français « machecol » terme d’architecture militaire.

Le mâchicoulis [ma∫ikuli] désigne une galerie à encorbellement (construction en saillie sur le plan d’un mur) située en haut d’un ouvrage de fortification médiéval, percée de meurtrières, où l’on envoyait des projectiles et autres matières brûlantes sur les assaillants :

  • Les grands mâchicoulis (…) laissent voir d’en bas, par leurs ouvertures béantes, le ciel seulement ou quelque petite fleur inconnue (Flaubert, Champs et grèves, 1848).


Par métonymie, il désigne la meurtrière elle-même :

  • Ai-je regardé ce que me montrait le guide de l’ingéniosité des guerriers moyenâgeux à se verser des huiles bouillantes sur la tête par le mâchicoulis ? (Maurice Barrès, Le jardin de Bérénice, 1891);

    Pour en savoir plus, voici un site ICI qui traite du sujet.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

mâchicoulis
mâchicoulis

Borborygme

Borborygme [bɔrbɔrigm] est un nom masculin, issu du grec [borborugmos – bruit des intestins] daté de 1560 dans le Robert. À l’origine donc, le borborygme est le bruit produit par le déplacement des gaz dans l’intestin ou l’estomac. Ce bruit est lié à la mobilisation de l’air lors des spasmes physiologiques réalisant la digestion :

  • On ne les voit pas [les éléphants dans les herbes]. Mais on entend très bien leur digestion, les borborygmes du ventre. Blaise Cendrars, l’Homme foudroyé, 1945.


Par analogie et plus familièrement, les borborygmes avec un Y, sont des paroles incompréhensibles prononcées par des individus, des bredouillements ou bruits de voix confus :

  • J’en ai assez d’entendre syllabiser des borborygmes par les directeurs éclairés. Leurs paroles sont un bruit de flatuosités, rien de plus. Villiers de L’isle-Adam, Correspondance,1880.

Thomas Fersen a écrit une chanson intitulée « Borborygmes« , dont voici les 4 premiers vers :

- Roseline et moi, nous regardons l’plafond,

- Mon estomac produit des borborygmes,

- Mon œsophage fait des bruits de siphon,

- Je n’y peux rien, le ventre est une énigme.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

mal de ventre, borborygme, gaz
mal de ventre, borborygme, gaz

Libellule

Joli mot que cette libellule ! (latin scientifique des zoologistes libellula, et latin classique libella (niveau) à cause du vol horizontal de l’insecte).

Quelle grâce, quelle élégance lorsqu’elle plane au-dessus de l’eau ! Au-delà de son vol majestueux, la libellule poursuit une tâche noble qui me ravit puisqu’elle se nourrit notamment de ces satanés moustiques qui m’empêchent de dormir les nuits d’été.

Pour les personnes soucieuses de bien orthographier libellule, rien de plus simple que de se souvenir qu’elle possède 4 L, au sens propre comme au figuré : 1 L au début, 1 L à la fin et 2 au milieu.

Et pour finir, retrouvons notre libellule dans le poème de Victor Hugo (Les Rayons et les Ombres (1840) :

La frissonnante libellule
Mire
les globes de ses yeux
Dans
l’étang splendidepullule
Tout
un monde mystérieux.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Écrapoutir

Verbe transitif datant de 1575 (le Robert), de « écraser » et du moyen français « espoutirbroyer », écrapoutir est un verbe régional français (du Poitou et de la Vendée), signifiant « écraser, aplatir, mettre en bouillie ».

Alain Rey, dans son dictionnaire historique de la langue française, avance l’idée que la finale est, soit une altération de bouillir, soit à rapprocher de la famille de pot.

Ce verbe resterait encore vivant au Canada, et se rapproche d’écrabouiller. Il existe une autre variante : acrapoutir, mais elle n’est pas retenue par le Robert.

Trouvé sur Internet, quelques précisions, via « Néologie canadienne – Jacques Vigier« . Écrapoutir est bien attesté en poitevin du XVIe siècle, sous la forme escrapoutir. Encore vivant au Québec, relevé en Acadie. À rapprocher de écrapoutiller « écraser quelqu’un comme un crapaud », renvoyant à « acrapaudaiêtre aplati comme un crapaud » (ces 2 derniers verbes ne figurent plus dans les dictionnaires de référence Petit Larousse et Petit Robert).
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Chélidoine

Du latin [chelidonia], du grec [khelidonia, de khelidôn hirondelle], la chélidoine est une plante issue de la famille des papavéracées (coquelicot, pavot…). Elle est également appelée « grande éclaire », « herbe à verrues », « herbe aux boucs » ou « lait de sorcières ».

Son origine grecque (hirondelle) vient de la croyance que ces oiseaux utilisaient la chélidoine afin de guérir les yeux de leurs petits naissant aveugles.

Possédant de nombreuses propriétés antispasmodiques, cholérétiques (bile), traitant les problèmes de nervosité et les insomnies, le suc laiteux de cette plante permet de calmer certaines affections dermatologiques telles les verrues.

La chélidoine se prononce [kelidwan], c’est à dire avec le son [Ké] et non le son [Ché].
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------